L’athlé passion des masters

Être master en athlétisme, contrairement aux idées reçues, c’est perpétuer l’état d’esprit de ce sport, et pas seulement courir en tant que vieil athlète. La jeunesse n’est pas qu’une question d’âge mais d’esprit. S’engager dans l’athlétisme, ou poursuivre cet engagement, à plus de 35 ans, c’est entretenir d’abord une flamme, celle de la passion, et par conséquent faire vibrer en soi l’esprit d’une certaine jeunesse.

L’athlétisme, du fait de sa dureté, demande de savoir puiser en soi cette énergie d’aimer, de croire et de se surpasser. Conserver cet engagement, après des années de pratique, ranimer sans cesse la flamme, croire au possible comme à l’impossible, c’est être en plein dans les valeurs et les codes de ce sport, les transmettre, et rappeler au passage comment ça se passe sur une piste, dans le respect de tous, quelles que soient les disciplines.

Les masters du club y croient tous fermement.

Et il en faut, de l’engagement, de la motivation, pour défier plus que les lois de l’apesanteur, celles de la pratique, de l’entraînement, à des âges – 40, 50 et même 80 ans (n’est-ce pas Jean-Louis) où il y a quelques années encore, on était presque grabataire.

Être master en athlétisme, c’est non seulement se dépasser soi-même mais aussi montrer le chemin aux autres. L’athlétisme est d’abord un sport de transmission. Montrer sa passion, l’investir, c’est montrer son engagement. Mais plus que cela, c’est en s’entraînant avec les plus jeunes qu’on donne, qu’on se défie, qu’on motive les autres.

La rivalité dans le plus pur des respects est le moteur le plus sain pour découvrir les autres et ainsi se découvrir.

Dans ce sport, il y a un esprit collectif au service des individualités, et les championnats auxquels participent les masters, en sont une certaine consécration, c’est le cas, évidemment, du fait de l’implication que cela demande, mais aussi en raison, par ailleurs, du niveau qu’il faut obtenir pour ne pas s’y sentir ridicule.

A ce titre, ceux qui croient qu’il suffit de participer aux masters pour en faire partie n’ont encore pas tout compris à l’athlétisme, tellement on sait que notre sport, quel que soit le niveau, quelle que soit la compétition, s’aborde toujours avec sérieux – le sérieux qui fait monter le stress et l’adrénaline, qui rend heureux quand on a perfé, qui fait pâlir quand on passe à travers mais avec toujours, en soi, cette conviction de revenir, la fois d’après, un peu plus fort, ou moins entravé, moins limité, par on ne sait quelle blessure, et hélas, aussi, – statut du master oblige, en dépit de ce fichu temps qui passe.

En tant que master, on se doit donc (on le veut) de montrer l’exemple, en tant qu’ainé, pour dira-t-on entraîner au sens propre comme au sens figuré du terme, autrement dit faire venir avec soi mais aussi donner des conseils avisés en offrant, à notre tour, ce qui nous a été auparavant transmis.

Un club qui sait tenir toutes ses catégories d’âges et les respectent pour ce qu’elles sont est un club d’avenir.

Franck Enjolras