Les masters brillent aux championnats de France !

Récit des championnats de France Masters disputés les 18 et 19 juin sous la chaleur de Châteauroux :

L’athlétisme est un sport de transmission, autrement dit, on fait ses preuves et puis on trace un jour le chemin pour les autres générations.

Master, c’est comme ça qu’on dénomme aujourd’hui cette catégorie d’anciens athlètes, dont la progression ne se mesure pas aux records (et encore !), les vieux quoi !

Certes vieillissant et parfois pas tant que ça, les masters restent avertis, connaisseurs et engagés. Résumer ces athlètes au déclin, c’est ce que les non avertis, les non-initiés s’obligent à croire en pensant que ce championnat se résume au cri poussif du corps qui lâche.

Un passage par Châteauroux, ce week-end, dans l’ambiance caniculaire digne d’un film sur le Sahara, pourrait faire comprendre, à n’importe qui, que ce genre de championnat s’aborde avec l’engagement, la détermination, la passion et le courage que l’on peut transmettre aux jeunes. Cerise sur le gâteau, il y a eu pour les athlètes de l’EASQY des performances qui feraient pâlir plus d’un connaisseur.

Pas besoin de relater tout dans le détail pour mesurer l’ambiance aussi chaleureuse que compétitive; on pourrait s’en tenir à l’essentiel, le petit rictus, le grand relâchement, la rage, et tout ça encore, sur les visages de ces vieux jeunes ou jeunes vieux.

Tôt le matin, après quelques tourments du corps la veille au soir, notre guerrière a fait son entrée de la saison en ouvrant le bal sur le 400 mètres haies.  Ces haies qui ont arraché, en fin de course, le sourire rayonnant d’Haïfa, laissant ainsi place à d’autres médailles sur le reste du week-end.
Ce fut de « rayonnance » en « rayonnance », à chaque tour de piste !

Sous le soleil de Châteauroux et avec un genou très handicapant, notre triple sauteur et détenteur de plusieurs titres et records, Philippe Mithout a tout essayé pour réaliser un bon concours. Mais sa blessure en a décidé autrement. Philippe termine tout de même a une honorable 5ème place.

Olivia, surprise du départ furieux d’une concurrente, a su faire preuve de tempérance puis de furie dans un dernier 200 mètres mémorable sur un 800 mètres qu’elle termine avec un record ! On aurait pu se nourrir de sa détermination pour illuminer ce ciel déjà bien trop dégagé. Sur 1500, elle a fait de même, récidivant dans la catégorie des « on ne lâche rien ».

Olivier Huet, a passé la ligne de son 1500m, en vainqueur, à fond, à s’époumoner.
La gestion de course, ça s’apprend avec le temps, mais aussi avec l’expérience et le souffle de la rage. Et même le lendemain, il en a fait preuve, totalement, sur 800 mètres, repartant avec une autre breloque.
Les pointes ne lui ont pas servi qu’à s’accrocher mais aussi à décrocher l’or, lui qui boudait, ce type de chaussure, depuis quelque temps.

La technique, ça s’apprend, surtout pour la perche, la longueur et les haies.
Avec le temps, même suspendu, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, et quand il y a par-dessus cela, de belles qualités et de la nervosité, le week-end se solde, pour Olivier Berré, par des médailles bien méritées !

Une première pour un retour en fanfare depuis quelques années.
Il y croyait, il y a cru et c’est venu ! Un podium d’excellence sur la discipline reine, celle qui tire tout droit – en mode fusée. David n’a pas fait vriller le compteur sur le 100 mètres comme il aurait pu le souhaiter mais il a gravité, en mode gagneur, sur les hauteurs du podium.
Et pour couronner le tout, il ne s’est pas débiné en jouant le jeu jusqu’au bout sur le relais 4×400 mètres mixte.
Ses médailles, à coup sûr, le tiendront éveiller pour ses prochaines nuits à venir !

Hercule réincarné, ou presque, avec quelques travaux en moins, c’est Imad, le dévoreur de tartan. A se battre contre le lion de la piste, à faire rugir les chronomètres, à démontrer, à chaque médaille attrapée au vol, que master rime aussi avec maître.
Le maître des médailles sur 100 – 200 – 400m sans oublier les relais.
Des performances, à faire pâlir !

L’important, c’est de participer – devise à la con, qu’aucun athlète ne retient jamais, pour autant qu’on ait la mentalité qui va avec toutes ces disciplines olympiques.
La déception ou le raté nous pousse à revenir plus fort, même s’il y a toujours des satisfactions.
Franck, moteur incontournable de l’équipe master, est reparti avec ces sentiment-là.  Il lui a manqué, en deux courses, 800m et 1500m, sous le soleil ardent, ce petit quelque chose qui fait la différence !
La prochaine fois, sans aucun doute.

Quant au sosie des belles heures de Diagana, la réussite n’a pas été, comme il le souhaitait, au rendez-vous. Dafiné se consolera avec l’or du relais 4*100m, et un magnifique sac à dos, floqué et dessiné aux emblèmes de la France, qui lui rappellera, comme à nous tous, que si l’athlé, comme le disait un gars dans les tribunes, « était un truc facile et simple, on ne reviendrait pas ! ».

En parlant de relais, discipline tant appréciée des athlètes, les masters n’ont, une fois de plus, pas chômé !
David, Dafiné, Olivier Berré et Imad, ont chauffé la piste avec un beau relais 4×100 mètres qui leur vaudra une place sur la plus haute marche du podium puis dans cette même dynamique, Olivia, Haïfa, David et Imad ont clôturé ce beau week-end de championnat sur 4*400 mètres mixte avec l’or autour du cou.

Il ne manquait enfin que l’ultra champion, notre multi recordman, resté au frais, sous nos conseils avisés. Jean-Louis, pour autant, sera fin prêt pour ses prochaines expériences à tordre, comme toujours, le cou au temps qui passe. Avec lui, on a souvent l’impression qu’il passe moins vite !

Et puis aussi, celle qui n’en finit pas de rajeunir, le 1500 mètres Lucy le maitrise tellement, avec ses chronomètres de folie, que ses concurrentes prient le bon dieu pour ne pas qu’elle soit là !

Humour, plaisir, engagement et détermination, c’est comme si le groupe des masters de la piste avait redonné, en deux jours ensemble, ses lettres de noblesse à cet athlétisme qui combine pratique individuelle et engagement collectif : tous à finir et à s’encourager pour faire de ces championnats la fête des convaincus.
Ce sport, notre sport, est toujours une belle leçon de vie !
On l4a tous prouvé, ensemble, dans une chaleur accablante, un pour tous et tous pour un, aveuglément, comme pour dire que chaque championnat a ses valeurs à offrir, surtout quand c’est dans l’enceinte d’un stade si hautement mythique.

Franck ENJOLRAS.